Quiconque a déjà observé une photo de Sergey et Larry au moment de la création de Google peut comprendre comment ces deux individus vont essayer de "foutre le bordel" partout où ils vont passer.

   Au départ, deux p'tits gars dans une université, Sergey et Larry, ont une très bonne idée et arrivent à créer l'algorithme qui permettrait à cette idée de s'exprimer.

   C'est bien d'avoir un algorithme, c'est mieux de le voir fonctionner.
Pour ce faire, il faut des machines (matériel) et de quoi faire fonctionner ces machines (logiciel).
Malheureusement (ou heureusement ?) Serguey et Larry n'ont pas d'argent.
Ils font alors de la récupération pour le matériel et ils prennent ce qui est mis à disposition de tous pour le logiciel.

   C'est ainsi qu'ils ont réussi à développer rapidement une société en gardant toute leur indépendance financière et toute leur liberté de développement technique.
Ils ne sont absolument pas dépendant de décisions de prestataires en ce qui concerne les outils qu'ils utilisent pour la mise en place de leur business.
Cette politique a conduit cette société vers un succès retentissant qui est très loin d'avoir atteint son apogée.

   Ils n'ont presque rien inventé, en comparaison de leur immense succès.
Mais ils ont profité des briques existantes en les combinant mieux que les autres.

   Ils prennent 100% de ce qui existe, y rajoutent un faible pourcentage de leur cru, leur savoir faire, leur image de marque et le servent au grand public.
Ils offrent une partie de leurs contributions pour participer à l'effort collectif de création et surtout pour se donner une bonne image et encourager tous les développeurs du monde à adopter leurs solutions techniques.

   Ils ont aussi eu la sagesse d'acheter des concurrents plutôt que d'essayer de les éliminer. Cela coûte souvent cher mais cela garantit des alliés et une croissance rapide. De l'art de maitriser la collaboration plutôt que la guerre économique.

   Ils ont une vache à lait, un moteur de recherche bien connu, qui leur garantit des fonds propres pour investir dans tous les projets qu'ils veulent.

   Ils ont un avantage considérable sur leurs concurrents en terme de développement d'outils. Si personne d'autre n'utilise le même modèle, il vont effectivement prendre toute la place, en tout cas, une très grande partie.

   Leur actions sont bonnes choses dans le contexte actuel car ils utilisent beaucoup plus de formats de données et de protocoels ouverts que les autres grands acteurs économiques du secteur informatique mais c'est une mauvaise chose qu'il n'y ait pas plus de concurrence efficace. Les anciens acteurs du marché sont trop vieux dans leurs principes et leurs modes de développement. Les jeunes acteurs sont trop petits pour se faire une place au soleil. Ça va être très dur de les bouger du chemin qu'ils sont en train de prendre.

   Ils préfèrent avoir un pourcentage de parts de marché sur un standard ouvert qu'ils ont aidé à mettre en place plutôt que 100% de parts de marché d'une niche qu'ils contrôlent.
C'est bien pour le consommateur parce qu'il y a plus de standards, de formats ouverts, de libertés...

   Ils se permettent aujourd'hui de proposer des outils qui peuvent faire évoluer la messagerie électronique (avec des vagues) et le protocole HTTP sans être pris pour des fous. C'est très très fort et en même temps très inquiétant sur l'état de la concurrence.

   Je n'ai pas de soucis avec eux car je sais où se situe ma vie privée et ma vie publique sur internet (je n'ai pas de vie privée sur internet).
Ils ne m'imposent rien et je peux me passer facilement de leurs services.
Mon seul soucis est qu'une entreprise qui a comme slogan "We are not evil" et qui crée une encyclopédie concurrente de wikipédia, ce n'est pas possible pour moi.
En tant qu'utilisateur, je trouve que cette entreprise va dans le bon sens. Mais je garde toujours une main sur le volant au cas où le fossé se rapprocherait trop...

   Ils ont compris ce qu'est le logiciel libre et tous les bénéfices que l'on peut tirer à l'utiliser et l'exploiter.
Ils maîtrisent à merveille l'art de la collaboration. Et ils ont réussi à se placer de telle sorte qu'ils en bénéficient toujours plus que les autres.

   Plus tard les autres acteurs informatiques entreront dans ce schéma de développement, plus ils auront pris de place et plus il sera difficile de les déloger.